Knappenwand (Autriche) : le gîte, son histoire et ses minéraux
L’épidote de Knappenwand, située à environ 1 200 m d’altitude sur le flanc est de la vallée (Obersulzbachtal), a été découverte en 1865 et a d’abord été exploitée épisodiquement par un nommé Kaufman d’Innsbruck pour approvisionner un cabinet d’Histoire naturelle. D’abord privée, en 1866, l’exploitation est ensuite passée sous la tutelle de l’université et de l’École des mines de Prague, en République tchèque, et ainsi passée dans le domaine public. L’épidote était alors utilisée par l’université de Prague comme modèle cristallographique et pour réaliser des mesures. Alois Wurnich fait partie des précurseurs exploitants et le premier ouvrage d’un professeur de Prague traitant du Knappenwand date de cette époque.
Le site est découvert en 1865 par Alois Wurnitsch, guide et collecteur de minéraux. Celui-ci collecte un certain nombre de cristaux d’épidote affleurant, connaissant la valeur commercial des cristaux. Alois Wurnitsch montre des spécimens à Andreas Bergmann, un tailleur d’Innsbruck, négociant de minéraux à ses heures.
Andreas Bergmann, trouvant la découverte intéressante, achète l’ensemble des spécimens découverts par Alois Wurnitsch, puis en envoie au professeur Victor von Zepharovich de l’Université de Prague, correspondant du service géologique impérial à Vienne. Ce dernier identifie l’épidote parmi les spécimens, il fera une première publication en 1869 “Neue Mineralfundorte in Salzburg” (nouvelle découverte de minéraux dans [la province] de Salzburg). Le lieu de la découverte n’est pas précisé, il reste encore tenu secret par Alois Wurnitsch à ce moment. Les cristaux d’épidote apparaissent alors comme les meilleurs connus pour l’espèce.
Andreas Bergmann obtient l’autorisation d’exploiter le gisement auprès du service impérial autrichien des forêts en 1867, et démarre une un chantier en vue exclusive de produire des minéraux destinés au commerce alimentant les collections. De fabuleux spécimens sont ainsi découverts dont une série va au Museum de Vienne, en Autriche. Le site est alors nommé par Bergmann, “Knappenwand” (Knappen = mineur).
Aristide Brezina, associé au cabinet de minéraux impérial à Vienne, fait le voyage jusqu’au site en 1869. Il y décrit l’apatite, la titanite et l’adulaire dans une publication en 1871, où il évoque également des données physiques et cristallographiques.
Vers la fin du XIXème siècle, de très grand cristaux d’épidote sont signalés, notamment un cristal de 40 cm, un autre de 47, certains évoquent même des cristaux de 70 à 80 cm. Aucun de ces “monstres” n’est connu actuellement.
Les techniques de minage de l’époque sont assez rudes pour les cristaux, beaucoup sont abîmés. La demande en ces temps était aussi bien moins exigeante qu’actuellement, c’est le goût moderne des collectionneurs qui a fait évoluer les techniques d’extraction.
Kajetan Stockmaier et Ehrenreich Schuchter exploitent le site de 1948 à 1956, furent bien plus précautionneux lors des minages, découvrirent autant de bons spécimens durant cette période, que toutes les exploitations réunies depuis la découvert du site.
En 1957, l’administration fédérale autrichienne des forêts stoppent l’octroi des permis d’exploitation. Cependant des travaux sont entrepris.
Cependant, des négociations démarrent en 1973 entre le Musée national d’Histoire naturelle de Vienne et le service pour que le musée puisse obtenir un permis d’exploitation. Celui-ci sera accordé en 1977 pour 10 ans. Un programme de recherche est établi. La cavité fait en 1977 vingt-cinq mètres de profondeur, 8 à 10 de largeur et 10 à 15 de haut. 7 000 à 8 000 tonnes de roche ont été déplacées. Un bon spécimen de 20 cm est découvert en 1985 dans une petite fissure dans laquelle le cristal était seul, accompagné de quelques cristaux d’actinolite, apatite, calcite, albite et chlorite. La convention du muséum de Vienne sera prolongée jusque 1992.
En 1998, le gestionnaire de la proche mine et musée de Hochfeld sollicite une concession afin de monter un projet commun entre les deux sites. Cette concession lui est accordée, mais il ne s’en suit pas un projet de développement conjoint des deux sites.
Enfin, au début des années 2000, la responsabilité du Knappenwand revient à la municipalité de Neukirchen, sur mandat de l’État. Le maire sollicite alors deux amateurs locaux, dont Sepp, pour s’occuper du site et le directeur du site de Hochfeld (Hans Lerch) donne son accord pour une gestion séparée du site du Knappenwand, sous réserve d’une caution scientifique et de l’introduction d’un expert mineur (Franz Gartner), anciennement cadre dans le syndicat des carriers de la région de Salzbourg, pour épauler les bénévoles de Neukirchen.
Article de Frédéric Delporte, publié avec son aimable autorisation.