Le village de Steinbach se positionne à l’entrée du vallon du Silberthal (traduction littérale : « val d’argent »), en bordure des Vosges méridionales, à 35 km au nord de Belfort et à 30 km à l’ouest de Mulhouse, à une altitude de 300 mètres. De dimension assez réduite – si on le compare aux grandes vallées vosgiennes – 1 km de large à son débouché sur la plaine à la hauteur de Cernay, le vallon mesure environ 5 kms en longueur. Dans le fond du thalweg coule un ruisseau qui a donné son nom au village, le Steinbach (trad. : « ruisseau de pierres »).
Le vallon renferme de nombreux filons minéralisés qui sont pris dans la formation volcano-sédimentaire du strato-volcan du Molkenrain. Dans le haut du vallon, vers l’ouest et le sud-ouest, à l’intérieur du massif vosgien, les filons sont davantage de nature ferrifère. Les filons sulfurés se trouvent encaissés dans le même type de terrain, mais dans la partie inférieure du vallon et plus près de la faille vosgienne, en direction du sud-est. Ils sont encaissés, pour la plupart, sur la rive droite du Steinbach, dans une série de porphyres, de conglomérats et de schisto-grauwakes.
La gangue des filons est plus variée. En plus du traditionnel quartz et de la barytine, on trouve l’ankérite, la calcite, la dolomite et, plus rarement, la fluorine. La minéralisation primaire est composée essentiellement de galène argentifère à des taux très variables. Celle-ci est souvent accompagnée de sphalérite, de chalcopyrite et de pyrite sous diverses formes. Les espèces secondaires de cuivre et de plomb, comportent de la malachite, de la pyromorphite, de la cérusite, ainsi que plus rarement de langite et d’anglésite brunâtre. Certains filons ont livré de belles cristallisations de linarite et de mélantérite. A la hauteur du lieu-dit “Schletzenburg”, se trouve une « lentille » de pyromorphite, qui affleure jusqu’à la surface et qui contient également de la cérusite sur galène. Ce secteur fait actuellement l’objet de recherches en archéologie minière. Il s’agit probablement de l’un des sites les plus anciens du Massif des Vosges.
Pour les différentes mines de Steinbach, la production totale en galène depuis le 17ème siècle, a été estimée à 2000 tonnes environ de minerai marchand. L’exploitation principale et les lieux des premiers traitements, se situaient toujours dans le vallon du Silberthal, autour de la place de la mine Saint Nicolas. La hauteur totale des niveaux exploités dépasse 200 mètres, dont près de la moitié se situe sous le niveau du ruisseau qui coule dans le thalweg.
Les mines de Steinbach et de son district immédiat, alimentaient jusqu’en 1700 environ les hauts fourneaux de Giromagny (actuel territoire de Belfort), puis ceux de Masevaux, y compris après l’annexion de l’Alsace par l’Empire Allemand. La première mention connue de travaux miniers à Steinbach, de l’époque que l’on peut qualifier de moderne, date de 1477, pour une concession de quatre mines au lieu dit “Amselkopf” (tête de merles) et situées en hauteur au-dessus du vallon. Il semble que la période d’exploitation la plus productive se situe de 1560 à la guerre de trente ans.
Durant cette période et jusqu’au traité de Westphalie en 1648, le district minier de Steinbach marquait les confins ouest de l’Empire d’Autriche. Il était soumis alors, à la juridiction minière de Giromagny, qui dépendait de la seigneurie de Montbéliard alliée à la maison des Habsbourg. Après la guerre de trente ans et le pillage de la Haute Alsace par les Suédois, la province, morcelée entre les Habsbourg, la Maison de Lorraine, les Princes Évêques de Strasbourg et ceux de Bâle, la Décapole et la Ville de Mulhouse qui était associée aux Cantons suisses, fut rattachée au royaume de France. Les concessions minières des Vosges méridionales passèrent aux mains du Cardinal Mazarin, avec les Comtés de Rosemont-Giromagny-Ferrette.
L’activité minière devait alors rapidement décroître pour s’arrêter vers 1710. Elle connaissait bien quelques tentatives de reprises entre 1750 et 1860. Durant cette période, l’activité se déplaçait sporadiquement vers les filons ferreux. Mais la production restait très limitée et ne dépassait pas les 400 tonnes par an, pour le filon le plus productif. La production fut progressivement arrêtée. Les mines de Steinbach restèrent inexploitées jusqu’à l’annexion allemande de 1870. Tout au début de la période d’occupation, une dernière tentative de reprise de l’exploitation des mines de galène de Steinbach fut encore engagée vers 1875. Elle devait se poursuivre jusqu’en 1908.
L’association minéralogique “Potasse” réalise un colossal travail de mise en valeur du site de la mine Saint-Nicolas à Steinbach (kalitroc.com). Celle-ci est visitable tous les samedis (voir conditions et contact sur le site Net cité) ou sur rendez-vous (notamment pour les scolaires).