L’appellation tourmaline vient du cinghalais « turamali » qui est l’équivalent de « quelque chose de coloré provenant de la terre ». Les tourmalines sont de véritables œuvres d’art de la nature, la reine du monde minéral. On les nomme aussi les pierres précieuses de l’arc-en-ciel. Cette richesse de couleurs est unique dans la palette de teintes des pierres précieuses et du règne minéral tout entier. En particulier, les petits cristaux de tourmaline laissent passer la lumière et révèlent leur palette de couleurs. Par contre, sur les grands cristaux de Madagascar, on ne perçoit presque jamais les couleurs de l’extérieur car les zones en superficie sont très foncées et ne laissent pas pénétrer la lumière. Afin de rendre visible toute la beauté de ces tourmalines, il faut les scier en plaques et les polir.
Ainsi seulement se révèle l’extraordinaire diversité de coloration avec ces différentes zones teintées, ces rubans de couleurs, les formes triangulaires et en étoile à trois branches. La coloration des tourmalines de Madagascar est absolument unique dans tout le règne minéral et contribue de la sorte, à côté d’autres phénomènes remarquables, à la singularité de la tourmaline. Elle existe dans toutes les couleurs et nuances de couleurs. Les couleurs de la tourmaline sont liées aux phénomènes chimiques et physiques compliqués des cristaux.
Elle développe lors de sa formation une grande souplesse intérieure et se caractérise en outre par une structure cristalline inhabituelle. De par la flexibilité de sa maille cristalline, elle est capable d’intégrer jusqu’à 60 des 100 éléments connus.
La tourmaline est un « collecteur de matière » et la plus organique des pierres fines. La richesse en couleurs dépend des contenus en atomes de métal chargés positivement, lesdits « cations », comme par exemple le fer de valence 2 et 3, le manganèse, le vanadium, le chrome, le titane, le cuivre, le lithium et le cobalt. Ce sont des éléments qui génèrent, seuls ou combinés les uns aux autres, la diversité de couleurs.
L’observateur remarque par ailleurs des phénomènes métamorphiques surprenants et pratiquement inexplicables quant aux formes et couleurs à l’intérieur d’un cristal. Celles-ci s’interpénètrent entre elles de façon aussi compliquée que belle. Des bandes de couleur extrêmement fines et des zones colorées qui traversent le cristal selon un certain angle oblique forment des triangles multicolores.
Dans une représentation en trois dimensions, ces bandes de couleurs triangulaires forment une pyramide au sein du cristal. Lors de superposition de ces zones de couleurs on peut alors parler de toits de pyramides qui s’empilent, voire s’emboîtent les uns dans les autres. Lorsque l’on scie dans un cristal contenant un tel empilement pyramidal, une plaque de 3 à 6 mm exactement en travers de son axe principal, alors apparaissent des triangles équilatéraux et souvent des colonnes à trois branches.
Sur certaines séries de coupes transversales de Madagascar, on peut observer un autre phénomène, uniquement visible sur la tourmaline. L’incroyable diversité de couleurs évoque des couleurs florales. D’autres formations sur la tourmaline, comme ses surfaces arrondies et filandreuses extérieures, rappellent maintes tiges végétales. De même, la tourmaline de type « agrégat », composée d’un nombre infini de petits cristaux individuels soudés, est comparable à la famille végétale des ombellifères constituées, elles aussi, de nombreuses petites fleurs individuelles.
Certaines séries de coupes transversales présentent une particularité tout à fait exceptionnelle : une suite des zones de couleurs – qui ressemble à la constitution d’un végétal et laisse apparaître des racines, tiges, fleurs et graines, et même des fruits. Ceci est tout simplement unique dans le monde minéral.
Exposition de la bourse aux minéraux de Sainte Marie aux Mines 2009.