Les minéraux de collection ont plusieurs origines, on peut citer les sites naturels, les exploitations pour les gemmes, les mines ou encore des sites spécifiquement exploités pour les minéraux de collection.
Ce type d’exploitation existe du Canada à l’Argentine, en Inde, au Maroc, en Australie, entre autres pays.
En Europe, citons l’exploitation de la mine Rogerley dans le comté de Durham, au Royaume-Uni, à des fins de production de spécimens de fluorite dès la fin des années 1970, avec une exploitation modernisée et dynamisée à partir de 1999. Notons dans le « Lake District », la Force Crag mine qui, exploité pour le zinc et la baryte, commercialisait des spécimens minéralogiques, tout en accueillant de nombreux groupes de visiteur. Ceux-ci avait la possibilité de collecter des spécimens.
De nombreux autres exemples pourraient être donnés. Signalons la mine Florence qui fut repris par un groupement de mineur et qui produisit du minerai et des spécimens dans les années 1970/1980. Dans la zone minière de Caldbeck Fells, en plein parc national, la possibilité de collecter librement des spécimens de minéraux a été maintenue pour certains sites, après une étude qui pris en compte les bénéfices et les inconvénients de la pratique. D’autres sites sont protéger eu égard à leur grand intérêt historique.
Cet exemple de pragmatisme et de bon sens devrait faire école et inspirer la politique d’autres pays. En effet, le meilleur moyen de cultiver dans la population le savoir en minéralogie fut reconnu être stimuler la collecte de spécimens et leur collection.
Signalons l’exploitation de différentes haldes et mines pour l’argent cristallisé depuis 1974 à Kongsberg en Norvège, avec confirmation des autorisations d’exploitation en 1997. Où encore la mise en vente de spécimens d’anatase d’Hardangervidda collectés par le Muséum national de Norvège dans les années 1970 ou la reprise d’une mine en Hongrie ces dernières années pour en extraire de spécimens de cuprite.
En Suisse, de nombreux cantons perpétuent la tradition pluriséculaire de l’exploitation de gisements pour les spécimens de collection, et cela par les techniques d’exploitation minière les plus classiques et appropriés, y compris donc l’utilisation de moyens mécaniques et d’explosif. De fantastiques spécimens sont ainsi découverts chaque année. Une découverte remarquable a été faite dans le canton d’Uri en 1994 où une patente annuelle est nécessaire afin de chercher des cristaux.
En effet, à Goescheneralp, plusieurs centaines de kilo de cristaux de quartz et de fluorine rose ont été extraits. Comme institué dans le canton, une estimation de la valeur des pièces a été effectué. Les trouvailles valant plus de 1.000 francs Suisse doivent être déclarées. La Corporation d’Uri encaissera dix pour cent de la valeur des spécimens.
Le gisement du Lengenbach, en vallée de Binn, Valais, est exploité dès 1900 par un groupe de cristalliers regroupés au sein de la « Dolomit AG ». L’activité dura jusqu’en 1958. A cette date, un nouveau groupement se mit en place pour exploiter le gisement, associant plusieurs cristalliers et musées (musée de Bâle, Berne, Schoenenwerd et l’université de Berne), en coopération avec la commune de Binn. Cent espèces minérales ont été décrites, 25 d’entres elles étaient nouvelles, dont 17 n’ont jamais été trouvé ailleurs (en 2000).
Les spécimens qui n’intéressaient pas ces musées étaient vendus afin de couvrir les frais d’exploitations et de rémunérer les exploitants. En 1998, un nouveau projet est conçu pour le gisement, avec la création d’un musée in situ, la réalisation d’un chemin géologique didactique, l’exploitation scientifique d’une galerie et l’aménagement de sites pour la collecte où tout à chacun pourra prospecter. Dans le projet, ces site sont dits site « casse-cailloux ».
En Espagne, citons l’exploitation actuellement du célèbre gisement de pyrite de la mine Victoria à Navajun, Asturies, où il est même possible de prospecter moyennant un droit d’entrée.
Un inventaire exhaustif des gisements exploités spécifiquement pour les spécimens minéralogiques est impossible tant leur nombre est important.
Une coopération entre exploitant minier et une firme de négoce de minéraux permet la sauvegarde de spécimens, les exemples modernes de ce type de relation sont extrêmement nombreux.
De 1890 à 1910, à la fabuleuse « Copper Queen Mine » de Bisbee, Arizona, de magnifiques spécimens d’azurite et de malachite ont été sauvés par l’intérêt que leur portaient les collectionneurs. Ceci a en effet incité le personnel triant alors le minerai à la main à prélever les morceaux les plus colorés afin de les leur proposer.
Dans les années 1960 puis 1970, la « Phelp’s Dodge Corparation », propriétaire de la « Copper Queen », autorise quelques employés à collecter des spécimens de minéraux que la société se charge de vendre. De même, dans les années 1950-1960, une personne était employée à la mine « Tiger », en Arizona, afin de recueillir des cristaux puis de les vendre à la boutique de la mine. On pouvait acheter dioptase, wulfénite, cérusite, calédonite, linarite, etc. La mine ferma en 1966.
La récolte de spécimens par l’exploitant et la vente de ceux-ci sur place ont été pratiquées dans d’autres mines de part le monde, comme à Tsumeb (années 1960-1970), ou des ventes aux enchère de minéraux avaient lieu régulièrement ou encore à Mibladen au Maroc, où une boutique vendait de la vanadinite et autres minéraux dans les années 1970-1980. Malheureusement, la plupart des spécimens minéralogiques lors d’exploitations minières sont détruits, les cas où une collecte a pu être organisée sont rares.
Au Portugal, depuis des dizaines d’années, la direction de la mine de Panasqueira gère une boutique de vente de spécimens de minéraux au sein même des bâtiments administratifs de la mine, boutique plus connue comme « loja dos cristais ». Des spécimens sont collectés spécialement à cet effet. La boutique de Panasqueira a été ouverte autour de 1970 à Lisbonne, après quelques années, elle s’est déplacées dans un ancien bâtiment de la mine de Panasqueira à Barroca Grande.
Il y a à peu près 10 ans, elle s’est de nouveaux déplacées, toujours à Panasqueira, dans un nouveau bâtiment, toujours près de la mine, où elle se trouve actuellement. L’objectif a été toujours la vente des cristaux de la mine afin de dégager des bénéfices supplémentaires, car la production de la mine a été toujours près d’être déficitaire.
Actuellement, la boutique donne des sommes d’argent raisonnables à l’exploitation minière, et aide à sa mesure à poursuivre les travaux miniers. Une boutique exista de même à la mine d’Aliva à Los Picos de Europa en Espagne, qui a produit de superbes cristaux de sphalérite (blende) notamment.
En Espagne, une exellente symbiose entre les mineurs, les négociants et collectionneurs existe aux exploitations minières de La Collada (remarquables spécimens de fluorite), de Carchelejo (prehnite sur les ophites) et dans une moindre mesure avec les cristaux de gypse de Fuentes de Ebro (Saragosse).
Article de Frédéric Delporte, publié avec son aimable autorisation.